Wally Wood

⏱️ Temps estimé pour la lecture de cet article : 13 minutes.

Wally Wood n°1

  • Nom complet : Wallace « Wally » Allan Wood
  • Date de naissance : 17 juin 1927<
  • Date de décès : 10 novembre 1981
  • Lieu de naissance : Menahga (Minnesota, Etats-Unis)
  • Lieu de décès : Los Angeles (Californie, Etats-Unis)
  • Parents connus : Tatjana Wood (première épouse)
  • Nationalité : Citoyen américain

Histoire

Wallace Allan Wood fut un auteur, artiste et éditeur indépendant de comics, surtout connu pour son travail à EC Comics et « Mad ». Bien que ses premiers travaux furent signés Wallace Wood, il fut principalement connu comme « Wally Wood », un nom que, selon ses propres dires, il n’aimait guère. Dans la communauté des comics, il était également appelé « Woody », un nom qu’il utilisa parfois pour signer ses œuvres. Wood se maria trois fois, et sa première épouse, Tatjana Wood, était elle-même une artiste de comics, qui produisit ultérieurement de nombreux travaux comme coloristes de comics. En plus des centaines de pages de comics, il illustra des livres et des magazines tout en travaillant dans d’autres domaines : la publicité, la production d’illustrations, des couvertures d’albums musicaux, des postes et des cartes de jeux, y compris le jeu « Mars Attacks » de Topps.

  • I . Le début de sa vie et de sa carrière

Wallace Wood grandit avec le désir d’être dessinateur, lisant et dessinant dès son plus jeune âge, fortement influencé par le style des comics de Roy Crane. Né en 1927, il sortit du lycée en 1944 et s’engagea dans la marine marchande américaine vers la fin de la Seconde Guerre mondiale avant de s’engager dans le 11ème régiment de parachutistes de l’armée américaine en 1946. Il s’entraîna à Fort Benning, en Georgie, fut envoyé au Japon et affecté sur l’île d’Hokkaido. Libéré du service durant l’été 1948, il s’installa alors à New York où il exerça mille et un métiers : chauffeur d’autobus, plongeur dans une taverne, docker, apprenti imprimeur, travailleur à la chaîne et assistant dans un laboratoire d’orthodontie ; pendant ce temps, il suivit brièvement les cours de la Cartoonist And Illustrators School de New York.

Wally Wood n°2Wood commença comme assistant auprès de George Wunder, qui dessinait désormais le comics « Terry and the Pirates » de Milton Caniff. Il citait son « premier travail effectué tout seul » comme « Chief Obstacle », une série continue de strips pour une feuille d’information politique en 1949. Il commença à travailler dans le domaine des comics comme lettreur, selon ce dont il se souvenait en 1981 : « Le premier travail professionnel fut le lettrage pour les comics romantiques de la Fox en 1948. Cela dura environ une année. Je commençais également à faire des arrière-plans, puis l’encrage. La plupart était pour des œuvres romantiques. Pour les pages complètes, c’était 5 dollars la page… Deux fois par semaine, j’encrais dix pages en une seule journée. » (interview de Wood publiée dans « The Buyer’s Guide » du 1er août 1981).

Dès 1948, il rencontra Renaldo Epworth, qui fournissait des comics pour certains des plus petits éditeurs ; Epworth aida Wood à s’introduire dans le domaine des comics, mais on ignore si cela conduisit aux travaux de lettreur de Wood ou à ses vrais débuts d’artiste de comics, l’histoire de dix pages « The Tip Off Woman » dans le comics de western de la Fox, « Women Outlaws # 4 » (daté de janvier 1949 sur la couverture mais mis en vente fin 1948). En août de la même année, âgé d’à peine 22 ans, il signe son premier dessin, dans un comics romantique « My Confession # 7 » de la Fox Feature Syndicate : Wally était enfin officiellement dessinateur de comics. A partir de là, Wood commença à travailler presque sans interruption pour la Fox, sur des titres du même style : « My Experience », « My Secret Life », « My Love Story » et « My Trye Love : Thrilling Confession Stories ». On considère que sa première œuvre signée est « My Confession # 8 » (d’octobre 1949) avec le nom « Woody » à moitié caché sur une devanture de cinéma. Il dessina et encra deux histoires de ce numéro : « I Was Unwanted » (neuf pages) et « My Tarnished Reputation » (dix pages).

Peu après, Epworth l’associe à deux jeunes aspirants dessinateurs : Marty Rose et Harry Harrison ; leur association durera de 1949 à 1950. Rose ne percera jamais et Harrison connut une longue carrière d’auteur de science-fiction. Son premier travail connu pour EC Comics, la compagnie qui allait lui permettre d’établir sa réputation, fut de dessiner et encrer avec Harry Harrison les sept pages de « Too Busy For Love » dans « Modern Love # 5 », et de dessiner entièrement les huit pages de l’histoire principale « I Was Just a Playtime Cowgirl » dans « Saddle Romances # 11 » (d’avril 1950), une histoire encrée par Harrison.

  • II . Les années cinquante

Wally Wood n°3Travaillant dans un studio de Manhattan au croisement de la 64ème Rue Ouest et Columbus Avenue, Wood, toujours au service de la Fox pour un salaire minimal, commence à attirer l’attention dès 1950 avec ses travaux extrêmement détaillés et imaginatifs de science-fiction réalisés pour EC et Avon Comics, dont certains en collaboration avec Joe Orlando. Il arrivait même à Wood de commencer à ancrer les planches d’Orlando alors que celui-ci en achevait encore les crayonnés, chacun de son côté de la planche, Wood, en général, encrant la planche à l’envers. EC commence par engager les trois artistes réunis par Epworth mais bientôt, les éditeurs réalisent que c’est Wood seul qu’ils veulent engager. Au cours de cette période, il dessine sur une grande variété de sujet et de genres, dont l’aventure, le romantique, la guerre (« Frontline Combat »), l’horreur (« Haunt of Fear »)et le policier (pour « Shock SuspenStories » d’EC). Wood encra et dessina plusieurs douzaines d’histoires, dont un bon nombre sont considérées aujourd’hui comme des œuvres classiques du comics, dans les magazines d’EC « Weird Science », « Weird Fantasy », qui vont le révéler comme un vrai maître de la science-fiction et lui permette de laisser libre court à son talent, « Two-Fisted Tales » et « Tales from the Crypt », ainsi que les titres, moins connus, « Valor », « Piracy » et « Aces High ».

Tout cela ne l’empêcha pas de travailler pour d’autres compagnies comme Youthful où, en novembre 1950, soit moins d’un an plus tard, il est capable de travaux fabuleux tels que « Capt. Science # 1 ». De 1950 à 1951, il produit des œuvres pour Youthful, Avon, Trojan, Ziff-Davis, Standard, ACG et bien sûr EC Comics. Il fit même des illustrations pour les derniers numéros du magazine pulp « Planet Stories ». En plus des histoires de SF comme « An Earthman on Venus », Avon fit faire à Wood les deuxièmes de couverture de plusieurs de leurs comics. Il s’agissait d’une image en noir & blanc donnant un aperçu des histoires dans la revue. C’est avec ces images promotionnelles que Wood commença une association durable avec Crafttint, une planche artistique produisant deux tons différents de gris selon le liquide utilisé pour peindre dessus.

Travaillant sur des scripts et ébauches de dessins de Jules Feiffer, Wood, alors âgé de 25 ans, dessina pendant deux mois le classique comics de Will Eisner publié dans le supplément du dimanche d’un journal : « The Spirit », travaillant sur l’histoire de 1952 « The Spirit in Outer Space » pour y injecter du sang neuf dans le comics vieillissant à travers des histoires de huit pages. A cette époque, Wood est un maître reconnu des monstres et des vaisseaux de SF futuristes. Eisner, selon ce dont se souvient Wood, le paya « environ 30 dollars par semaine pour le lettrage et faire les arrière-plans de « The Spirit » ; parfois, il payait 40 dollars quand j’avais également fait les dessins. » (interview de Wood publiée dans « The Buyer’s Guide » du 1er août 1981).

Wally Wood n°4Dès cette époque, Wood travaillait également de manière intensive sur un nouveau comics d’EC – qui allait mettre en avant une autre facette de son talent. Ce comics était « Mad » ; Monsieur « Science-fiction » devenait Monsieur Cinoque. Si Harvey Kurtzmann était le cœur de « Mad » et Will Elder le sang délirant alimentant ce cœur, Wood, lui, était l’âme de « Mad ». L’esprit du magazine ne fit vraiment surface que lorsque Wood produisit une série classique de parodies de comics dans les numéros 4 à 8, commençant avec « Superduperman » dans le numéro 4 et avançant avec « Black and Blue Hawks », « Teddy and the Pirates », « Smilin’ Melvin » et l’étourdissant « Batboy and Rubin » dans le numéro 8. Ainsi, il plantait fermement son style satirique et ciblait la culture populaire. A l’exception de l’avant-dernier numéro où seul participa Will Elder, Wood fut présent dans chaque numéro du comics et continua à travailler pour Mad pendant des années avant sa transformation en magazine en 1955. Il y était toujours au début des années soixante, avec des dessins dans chaque numéro jusqu’au numéro 86.

Wally Wood n°5Alors que s’achevaient les années 1950, les comics disparaissaient. Avec la réduction du marché des comics, Wood se tourna vers le marché plus traditionnel des illustrations. Il faisait des couvertures pour les livres de science-fiction, des illustrations pour les livres d’enfants ainsi que certains dessins de publicité. Ainsi, il encra les huit premiers mois du comics strip de 1958-1961 « Sky Masters of the SpaceForce », dessiné par Jack Kirby, et collabora encore avec lui sur son comics « Challengers of the Unknown ». Cependant, entre 1957 et 1967, Wood produisit des couvertures et des pages d’intérieur pour plus de 60 numéros du recueil de science-fiction « Galaxy Science Fiction », illustrant des auteurs comme Isaac Asimov, Philip K. Dick, Jack Finney, C.M. Kornblut, Frederik Pohl, Robert Silverberg, Robert Sheckley, Clifford D. Simak et Jack Vance. Il peignit six couvertures pour des romans de « Galaxy Science Fiction » entre 1952 et 1958. Des bandes dessinées apparurent aussi dans des magazines pour hommes « The Dude », « Gent » et « Nugget ». Wood étendit son travail jusqu’aux illustrations de livres, y compris pour les rééditions de 1959 par Aladdin Books de la série « Childhood of Famous Americans » de 1947 par Bobbs Merrill. Ce n’était plus du comics mais c’était du dessin et cela payait les factures –difficilement. De nombreux artistes de comics cherchèrent ailleurs du travail pendant les années cinquante et soixante et Wood ne fut pas le seul dans ce marché vacillant. En 1957, il reçut sa première récompense, de la National Cartoonists Society – une distinction qu’il devait encore recevoir en 1959 et en 1965.

  • III . L’Age d’argent

Wally Wood n°6Wood revint durablement aux comics avec le succès de Marvel dans le milieu des années 1960. Ainsi, pour le compte de Marvel, durant ce qui est communément appelé l’Age d’argent, il travaille comme dessinateur et encreur du titre « Daredevil » pour les numéros 5 à 8 et simplement comme encreur (sur les dessins de Bob Powell) pour les numéros 9 à 11 ; il établit ainsi l’uniforme classique rouge du personnage (à partir du numéro 7). Il dessine et encre également les quatre premières histoires du « Dr Doom » dans « Astonishing Tales # 1-4 » (d’août 1970 à février 1971) et écrit et dessine des histoires d’horreur et de suspenses dans le comics anthologique « Tower of Shadows 5-8 » (de mai à novembre 1970). Comme encreur, en 1965, il effectue « The Avengers # 20-22 », et l’épisode d’« Iron-Man » dans « Tales of Suspense # 71 » (tous les deux sur des dessins de Don Heck), ainsi que l’histoire de « Human Torch » dans « Strange Tales # 134 » sur des dessins de Powell ; en 1970, c’est « Captain America # 127 » sur des dessins de Gene Colan ; en 1971, il œuvre sur « Kull the Conqueror # 1 » avec les dessins de Ross Andru, et sur « Red Wolf » dans « Marvel Spotlight # 1 » sur des dessins de Syd Shores, et enfin, sur « The Cat # 1 » en 1972, sur les dessins de Marie Severin. Outre l’intérieur, Wood encre plusieurs couvertures, de Kirby : « Avengers # 2°-21 », « The X-Men # 14 » et, uniquement sur le personnage de Daredevil, les couvertures et l’intérieur de « Fantastic Four # 39-40 » (selon Stan Lee dans le courrier des lecteurs de « Fantastic Four # 42 » de septembre 1965). Lors de l’un de ses derniers travaux pour Marvel, il revint au personnage qu’il avait aidé à façonner, encrant la couverture de Frank Miller pour « Daredevil # 164 » (de mai 1980). Selon certaines sources, Wood aurait également encré d’autres comics de Marvel (dessinés par Kirby et Tuska) mais pour lesquels il n’aurait pas été crédité lors de l’édition.

Wally Wood n°7Parallèlement, Wood fit divers travaux artistiques pour des compagnies, grandes et petites – de Marvel donc (et son prédécesseur Atlas Comics), DC Comics (avec des titres comme « House of Mystery », « Plop ! », « All Star Comics », « Hercules » ; « Stalker », ces deux derniers avec Steve Ditko) et Warren (avec « Creepy » et « Eerie »), aux plus petits Avon (« Strange Worlds »), Charlton (« War and Attack », « Jungle Jim »), Fox (« Martin Kane », « Private Eye »), Gold Key (« M.A.R.S. Patrol Total War », « Fantastic Voyage »), Harvey (« Unearthly Spectaculars »), King Comics (« Jungle Jim »), Atlas/Seabord (« The Destructor »), Youthful Comics (« Captain Science ») et la compagnie de jouets Wham-O (« Wham-O Giant Comics »). En 1965, Wood et Len Brown créent les « T.H.U.N.D.E.R. Agents » pour Tower Comics (certaines sources évoquent également la participation de Larry Ivie), mettant en scène des personnages de sa création : avec Dynamo, Noman, Lightning, the Raven et d’autres. Wood y travailla presque trois ans mais il semble s’en lasser au bout de deux. Cela semble souvent le cas dans sa carrière qui est jalonnée de courtes explosions créatives qui paraissent cesser brusquement, à la notable exception de « Mad ». Cependant, la plupart de ces séries ne connaissent qu’un succès relatif, le premier signe du déclin. En 1965, il reçoit l’Alley Award (des distinctions aux auteurs de comics sponsorisées par le magazine « Alter-Ego ») du meilleur dessinateur et celui du meilleur encreur l’année suivante.

Un autre exemple de l’emballement rapide de Wood pour les projets les plus étranges et farfelus est la création de son fan club, où, contre la somme de dix dollars – les droits d’entrée – chaque membre recevait un dessin original de Wood lui-même. Cet argent devait aider Wood à financer ses propres projets ; c’est cette ressource qui lui permit, quelques années plus tard, d’éditer « The World of the Wizard King », une des œuvres qui lui tenait le plus à cœur mais qui avait été refusée successivement par tous les éditeurs et même la télévision. Au cours des années soixante, Wood fit plusieurs séries de cartes de collections ainsi que des produits humoristiques pour Topps Chewing Gum, y compris, en 1962, l’ébauche du concept de la fameuse collection de cartes « Mars Attacks » de Topps avant les dessins finaux de Bob Powell et Norman Saunders.

  • IV . Wood l’éditeur

Wally Wood n°8L’événement le plus important en 1966 est la publication de Witzend n°1, l’un des premiers comics alternatif, une décennie avant le « Star Reach » de Mike Friedrich ou le « Big Apple Comics » de Flo Steinberg (auquel Wood contribua pour la couverture et en créant une histoire) ; les années soixante furent un vivier d’activités des fans avec des douzaines de magazines amateurs appelés « fanzines » consacrés au médium publié, certains avec une relativement bonne régularité. Une communauté se développait avec des contacts occasionnels avec le monde professionnel sous la forme de donations de dessins ou d’interviews. Wood prit tout cela en compte quand il publia son propre fanzine, avec des contributions professionnelles et complètes de nombreux des artistes les plus populaires auprès des fans, tout en détournant les conventions habituelles de l’industrie du comics. Ce fut le premier magazine ouvertement en faveur des droits des créateurs (qui avaient toujours du s’incliner devant ceux des éditeurs). Witzend laissait aux artistes le copyright de leurs créations, une pratique qui était totalement inconnue à l'époque ; parmi les participants à Witzend, il est possible d’évoquer Steve Ditko, Jim Steranko ou encore Jeff Jones. De son côté, ce fanzine est l’occasion pour Wood de laisser libre cours à son génie, créant des parodies délirantes fantastico-érotiques comme Flasher Gordon, Pipsqueak Papers, mais aussi des contes féeriques tels que Stipping Beauty, The Disenchanted Prince, Dragonnela, Malice in Wonderland ainsi que des parodies de l’univers de Walt Disney. Les fans inventèrent alors un nouveau mot pour décrire Witzend : c’était le premier « prozine ». Six numéros furent publiés au cours jusqu’en 1969 et introduisit une demi-douzaine de personnes et séries propres à Wood, dont The Wizard King qui fit ses débuts dans le numéro 4. A partir du même numéro, Wood confia « Witzend » à Bill Pearson qui continua comme éditeur durant les années soixante-dix et quatre-vingt.

Dans les cercles intéressés par les questions de droits de copyright et de propriété intellectuelle, Wood devint aussi connu comme le créateur du poster satirique, et non signé, « Disneyland Memorial Orgy », qui apparut pour la première dans le magazine de Paul Krassner « The Realist ». Ce poster représentait un certain nombre de personnages de Disney dans diverses activités réprouvées par la morale (y compris des relations sexuelles ou l’utilisation de drogues), avec de grands symboles du dollar rayonnant du Château de Cendrillon. Wood lui-même, jusqu’en 1981, lorsqu’on lui demandait qui avait fait ce dessin, répondait simplement « Je préfère ne rien dire à ce sujet ! C’est l’un des dessins les plus copiés de l’histoire ! Tout le monde en a des copies. Je comprends que certaines personnes furent poursuivies pour l’avoir vendu. J’ai toujours pensé que les créations de Disney étaient assez sexuelles… Blanche-Neige, etc. » (interview de Wood publiée dans « The Buyer’s Guide » du 1er août 1981). Disney n’entreprit cependant aucune action légale contre Krassner ou « The Realist » mais fit un procès à l’éditeur d’une version modifiée du poster, qui avait utilisé l’image sans la permission de Krassner. L’affaire fut réglée en dehors des tribunaux.

Wally Wood n°9Wood rassembla aussi les histoires de sa création, « Sally Forth » (une série d’humour érotique mettant en scène une pulpeuse héroïne), publié initialement dans les périodiques pour l’armée américaine « Military News » et « Overseas Weekly », entre 1968 et 1974 ; cette réédition se fit sous la forme de quatre magazines grand format (25 x 30 cm). Pearson, entre 1993 et 1995, ressortit les strips sous un nouveau format dans une série de comics édités par Eros Comix, une division de Fantagraphics Books, qui, en 1998, rassembla l’intégralité de la série en un volume unique de 160 pages. En 1969, Wood créa un autre comics indépendant prophétique « Heroes, Inc. Presents Cannon », à l’intention de son lectorat militaire de sa « Sally Forth ». Des artistes comme Steve Ditko et Ralph Resse, et le scénariste Ron Whyte sont crédités, avec le principal auteur et dessinateur, Wally Wood lui-même, sur trois histoires : « Cannon » (une série d’espionnage érotique avec comme héroïne une agent secret particulièrement sexy), « The Misfits » et « Dragonella ». Un second numéro, au format magazine, fut publié en 1976 par Wood et CPL Gang Publications. Larry Hama, l’un des assistants de Wood, raconte : « J’ai scénarisé environ trois histoires de « Sally Forth » et quelques unes de « Cannon » ; j’ai écrit la principale histoire de « Sally Forth » dans la première réédition (qui m’est en fait dédié, principalement parce qu’ai prêté à Woody l’argent pour l’éditer ! » (JoeGuide.com : « Larry Hama : Writer & Artist »). Il convient aussi de citer « Shattuck », des histoires de westerns érotiques, auquel participa largement un jeune Howard Chaykin.

Wally Wood n°10Wally Wood n’a jamais fléchi dans son soutien aux jeunes artistes qui essayaient de se faire connaître et acquérir une réputation. Un bon nombre d’entre eux durent ses « assistants » durant les années soixante et soixante-dix, sur divers projets. Œuvrant avec l’Academy of Comic Book Arts des années soixante-dix, Wood contribua à plusieurs éditions de l’annuel « ACBA Sketchbook ». Au fil des décennies, de nombreux artistes travaillèrent au Wood Studio. Parmi les associés et les assistants, on peut citer Dan Adkins, Richard Bassford, Tony Coleman, Nick Cuti, Leo et Diane Dillon, Larry Hama, Russ Jones, Wayne Howard, Paul Kirchner, Joe Orlando, Bill Pearson, Al Sirois, Ralph Reese, Bob Stewart, Tatjana Wood et Mike Zeck.

  • V . Les dernières années

De 1969 à 1976, Woody alterne les travaux pour Charlton, DC Comics, Marvel, Warren, l’éphémère Atlas/Seaboard et revient même, brièvement à « Mad ». Si son travail reste bon, l’essentiel des travaux qui lui sont confiés se limite à l’encrage d’autres artistes. A peine vingt ans après le début de sa carrière, et malgré des récompenses officielles, Wood était déjà un has-been aux yeux des éditeurs. Ses derniers travaux consistent en des satires érotiques de ses anciens héros. Wood, qui avait été sollicité comme remplacement de Hal Foster sur Prince Valiant (et dont sa page d’essai fut publiée le 15 novembre 1970), en est réduit à créer des parodies X de Valiant, Flash Gordon, Tarzan et même Alice au Pays des Merveilles pour des publications telles que National Screw. L’humour ne volait pas très haut, de même que l’énergie artistique qu’y mettait Woody ; de l’érotisme, il était tombé dans la pornographie. Cela expliqua largement la raison pour laquelle il se tourna vers l’édition et publie son propre travail. « The Wizard King » fut sauvé des vieux magazines « Witzend » et rassemblés dans un livre en 1978 ; la même année il est désigné comme meilleur dessinateur étranger au Festival d’Angoulême. Le premier chapitre du « Wizard » fut suivi du second, « Odkin fils d’Odkin » en 1981. Le troisième chapitre ne fut jamais publié, Wood étant mort la même année.

Wally Wood n°11Durant toute sa vie d’adulte, Wood souffrit de maux de têtes chroniques et inexpliqués. Dans les années soixante-dix, après plusieurs périodes d’alcoolisme, Wood connut des problèmes rénaux, et il est contraint de subir de fréquentes dialyses. Un infarctus, en 1978, lui provoqua la perte de la vision dans un œil. Face à une santé déclinante et des perspectives professionnelles de moins en moins nombreuses, Wood se suicida le 10 novembre 1981 en se tirant une balle dans la tête. Si les premières cinq années de sa carrière avaient pu ressembler à la trajectoire d’un vrai météore au vu du développement de son art, l’effondrement de Wood au cours des cinq dernières années de sa vie fut presque aussi rapide.

L’éditeur d’EC, Harvey Kurtzman, qui avait travaillé et été très proche de Wood durant les années cinquante, commenta une fois : « Wally était habité d’une certaine tension, une intensité qu’il gardait en lui comme de la vapeur sous pression. Je pense que ça l’a rongé de l’intérieur et le travail le dévorait littéralement. Je pense qu’il a donné certaines des meilleures œuvres qui furent jamais dessinées et je pense qu’on lui doit de reconnaître qu’il s’est sacrifié pour réaliser ses travaux. ». En 1989, Wallace Wood était le premier artiste à entrer au Jack Kirby Hall of Fame ; en 1992, c’était au Will Eisner Award Hall of Fame qu’il était introduit.

Citations

  • Wallace Wood

Mon univers est hier… ou aujourd’hui… ou demain. Mon univers est celui que je crée, celui qui naît dans mon esprit et qui prend vie sur le papier par le crayon, l'encre et le pinceau, la sueur et par beaucoup d'amour, car je suis un dessinateur de bandes dessinées. Mon nom est WOOD...

  • William Gaines (éditeur d’EC Comics)

Wally a peut-être été notre artiste le plus perturbé… je ne veux faire aucun lien, mais il a peut-être été notre artiste le plus brillant.

Bibliographie française

  • Editions Arédit/Artima

Les œuvres de Wood y sont éparpillés dans les divers titres format poche et N&B comme Démon, Eclipso, Frankenstein, Hercule, Kull, Sidéral, Vengeur.

  • Editions du Fromage / Editions du Triton

Les Années folles de Mad (N&B) – 1978 Cannon (N&B) – 1978 Conquêtes païennes (N&B) – 1980 Cons de Fée (N&B) – 1977 (qui sera rééditée sous le titre « Fée en folie » en 1978) Le Roi du Monde (couleur) – 1978 Sally Forth vol.1 (N&B) – 1976 Sally Forth vol.2 (N&B) – 1978

  • Editions Hors Collections

Sally Forth (2 tomes, 2000-2001, rééditant, mais de manière incomplète les 2 volumes des Editions du Fromage)

  • Editions des Humanoïdes Associés (publication des séries de la EC Comics)

Les Meilleures histoires d’Aventures (N&B) – 1985

Les Meilleures histoires de Guerre (N&B) – 1984

Les Meilleures histoires d’Horreur (N&B) – 1984

Les Meilleures histoires de Science-Fiction (N&B) – 1983

Les Meilleures histoires de Suspense (N&B) – 1983

Les Meilleures histoires de Terreur (N&B) – 1983

  • Editions Lug

Marvel n°10 (Les Quatre Fantastiques, 1971)

Strange n°4 à 11 (Daredevil, 1971) et n°16 et 17 (Dr Fatalis)

Strange Spécial Origines n°157 (La Chatte, 1983), n°169 (réédition de Daredevil, 1984)

Titans N°1 à 4 (Le Justicier, 1976)

  • Editions Neptune / Editions Albin Michel

Les Années folles de Mad (N&B) – 1983 (réédition)

Les Bandes décimées de Mad (N&B) – 1985

La fin de Mad (N&B) – 1987

Mad se paie une toile (N&B) – 1984

Monsieur Sourire (N&B) – 1985

Planète rouge (N&B) – 1984

Sorcellerie (couleur) – 1982

Un Max de Mad (N&B) – 1987

  • Editions du Péplum

Spirit : Outer Space (N&B) – 1990

  • Editions du Rempart

Le Fantôme « Aventures américaines » (du n° 113 au 139, de 1966 à 1967, avec les THUNDER Agents)

Tonnerre (10 numéros, de 1967 à 1968)

  • Editions Williams

Horreur, une Anthologie en BD (N&B/couleur) – 1974 (première édition en France de EC Comics)

  • Editions Zenda

Science-fiction (couleur) – 1988 (EC Comics)

  • Magazines

L’Echo des Savanes (du n°11 au n°49)

L’Echo des Savanes Spécial USA (1ère série)

L’Echo des Savanes Spécial USA (2ème série) n°10

Poco Géant n°1 à 5 (1970 à 1971, première édition du Spirit dans l’espace)


👤 ThierryM
13220 👁️