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Colonisée dès 1624, l’île de Manhattan compose l’essentiel de la circonscription de Manhattan, l’une des cinq circonscriptions qui constituent la ville de New York (les autres étant le Bronx, Brooklyn, le Queen et Staten Island). Sa frontière administrative correspond exactement au comté de New York, une subdivision de l’Etat du même nom. C’est l’un des comtés les plus riches des Etats-Unis ; il est composé, outre l’île elle-même de Roosevelt Island, Randall’s Island, d’environ un dixième d’Ellis Island, et de plusieurs autres petites îles, ainsi que de Marble Hill, une petite section du continent, adjacente au Bronx. Manhattan est un centre commercial, financier et culturel majeur des Etats-Unis, et au-delà, du monde.
Manhattan dérive du mot Manna-hata, mais le sens exact de celui-ci demeure encore contesté même si « île aux nombreuses collines » demeure la traduction communément admise. L’île fut autrefois habitée par les Indiens Lenape, qui rencontrèrent en 1524 Giovanni da Verrazzano, le premier Européen à avoir mis le pied dans le port de ce qui allait devenir New York. C’est cependant Henry Hudson, un Anglais au service de la Compagnie hollandaise des Indes Orientales qui fut le premier à cartographier la région. Il laissa ainsi son nom à la rivière Hudson, la remontant jusqu’au site actuel d’Albany. Les Européens s’installèrent de manière permanente en 1624 avec la fondation d’une colonie hollandaise puis de Fort Amsterdam en 1625 ; l’île de Manhattan fut appelée à cette époque la Nouvelle Amsterdam (Nieuw Amsterdam). En 1626, Peter Minuit acheta Manhattan aux Indiens pour l’équivalent de 1000 dollars actuels ; par ailleurs, la transaction fut faite avec les Canarsee, qui n’avaient aucun droit réel sur l’île alors que les Weckquaesgeeks, qui vivaient sur l’île, ne furent ni contactés, ni consultés. En 1647, Peter Stuyvesant fut le dernier Directeur Général de la colonie. La Nouvelle Amsterdam devint officiellement une ville le 2 février 1653 mais, en 1664, elle fut conquise, ainsi que la région, par les Britanniques et la ville fut rebaptisée New York, en hommage au duc anglais de York et d’Albany, le futur roi Jacques II.
Manhattan fut le site de plusieurs batailles au début de la Guerre d’indépendance américaine, au cœur de la campagne de New York. L’armée continentale dut abandonner Manhattan après la désastreuse bataille de Fort Washington, le 16 novembre 1776 et resta occupée par les Anglais jusqu’à la fin de la guerre ; au cours de cette période, la ville fut ravagée par le Grand Incendie de New York. Le 25 novembre 1783, les Anglais abandonnèrent la cité quand George Washington rentra à Manhattan. C’est là qu’il fut intronisé le premier Président des Etats-Unis. Du 11 janvier 1785 à l’automne 1788, New York fut la cinquième des cinq capitales, selon les Articles de la Confédération, le Congrès résidant alors au New York City Hall. New York fut la première capitale sous la nouvelle Constitution du 4 mars 1789 au 12 août 1790. Tout au long des siècles suivants, Manhattan, et New York, se développèrent de manière constante, bénéficiant d’aménagements divers comme l’ouverture du Canal Erié en 1825. Dès 1810, New York était la plus grande ville des Etats-Unis, ayant dépassé alors Philadelphie. En 1858, Central Park fut ouvert, le premier parc public du pays. Au cours de la Guerre de Sécession, les solides liens commerciaux de la ville avec le Sud, l’afflux massif d’immigrés, la colère vis à vis de la conscription conduisirent à des ressentiments envers la politique de Lincoln, qui culminèrent en trois jours d’émeute en juillet 1863, l’un de pires incidents d’émeutes civiles de l’histoire des Etats-Unis, avec une estimation de 119 morts au cours des événements. Avec la fin de la Guerre de Sécession, la quantité d’immigrants crut de manière constante et New York devint le premier arrêt de millions d’individus cherchant à faire fortune aux Etats-Unis, un rôle qui fut reconnu le 28 octobre 1886 avec l’installation de la Statue de la Liberté, un cadeau de la France. Toute cette population, plus ou moins bien intégrée, originaire de plus d’une douzaine de pays, firent de la ville le lit de mouvements révolutionnaires, du syndicalisme, du racket et du crime. Le Pont de Brooklyn fut ouvert en 1883, établissant un lien au-dessus de l’East River. En 1898, la Ville du Grand New York fut formée en réunissant les circonscriptions de Manhattan et du Bronx.
Le début du vingtième siècle fut marquée par la construction du métro new yorkais, ouvert en 1904, et qui aida la ville à ressentir son unité malgré son éparpillement insulaire, comme put y contribuer aussi des ponts supplémentaires vers Brooklyn. Greenwich Village fut marqué le 25 mars 1911 par l’incendie de la Triangle Shirtwaist Factory, qui coûta la vie à 146 ouvriers du textile ; le drame poussa la ville à moderniser le service des pompiers de la ville, le code de construction des immeubles et les règles de circulation des véhicules. Les années 1920 virent l’augmentation de la population noire, effet de la Grande Migration depuis les états du sud ; en 1925, New York devient la ville la plus peuplée de la planète, prenant la place de Londres qui avait gardé cette place pendant un siècle. Malgré la Grande Crise, les années 1930 virent la construction de nombreux gratte-ciel, dont plusieurs dans le style Art Déco ; la crise conduisit aussi à l’élection du maire réformiste Fiorello LaGuardia, qui devait faire 3 mandats et, bien que Républicain, soutint la politique du New Deal de Roosevelt. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le retour des vétérans et l’arrivée de nombreux immigrants européens créèrent un boum économique, dont le développement de logements, visant principalement les vétérans. En 1951, les Nations Unies, initialement installées dans le Queens, déménagent dans l’East Side de Manhattan. Mais l’âge d’or touche à son terme : dans la fin des années 1960, comme les autres grandes villes américaines, New York connaît déclin industriel et émeutes raciales, acquérant une réputation de ville criminogène et couverte de graffitis dans les années 1970. En 1975, la mairie doit faire face à la faillite, faisant appel au gouvernement fédéral qui, malgré des réticences initiales, accorde un prêt à la ville en échange d’une restructuration de sa dette ; cette situation contraint la ville à accepter une surveillance financière accrue de la part de l’état de New York. La situation se redressa dans les années 1980 en même temps que Wall Street connut une vraie renaissance, rendant à la ville son rôle de centre mondial financier. Mais la période fut assombrie par l’épidémie du SIDA, New York – et plus particulièrement Greenwich Village – formant l’épicentre de la crise. La situation conduisit à la création d’ACT-UP à New York, en 1987. A partir des années 1990, le centre ville retrouve de l’attrait avec une baisse du taux de criminalité qui conduit non seulement de nombreux immigrants mais aussi de citoyens américains à se réinstaller dans la ville pour y trouver un style de vie cosmopolite.
Comme les autres districts, Manhattan possède un « président de district », dont l’idée initiale, lors de sa création en 1898, était de contrebalancer le pouvoir centralisateur de la mairie de New York. Aujourd’hui, depuis la révision des institutions municipales de 1989 renforçant les compétences de la mairie (et consécutive à une décision de la Cour suprême), le président de district est largement dépourvu de pouvoirs, ne jouant plus que le rôle d’avocat de son district dans les diverses commissions municipales. Manhattan dispose de dix membres au conseil municipal ; le district est composé de douze circonscriptions administratives, qui représentent les administrés. Siège des Nations Unies, le district de Manhattan héberge le plus grand nombre au monde de corps consulaires, avec 105 consulats, consulats généraux et consulats honoraires.
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L’île de Manhattan fait 58,8 km² (21,6 km de long et 3,7 km de large au maximum, près de la 14ème Rue) et forme, avec plusieurs petites îles (Randall’s Island, Ward’s Island, Roosevelt Island, Governors Island, Liberty Island), le comté de New York (87,46 km² dont 28,00 km² d’eau). Une partie de Manhattan est désormais contiguë au Bronx : autrefois, Marble Hill appartenait à l’île de Manhattan mais la creusée du Canal de la rivière Harlem en 1895 – pour améliorer la navigation – sépara le quartier de l’île principale. Juste avant la Première Guerre Mondiale, la section originelle de la rivière Harlem fut comblée, rattachant Marble Hill au Bronx, et, du coup, au continent. L’île de Manhattan fut, en revanche, agrandie en utilisant les nombreux gravats obtenus en creusant le sol pour ériger les gratte-ciel de la ville ; ainsi, les 917 000 mètres-cube obtenus lors de la construction du World Trade Center furent réemployés pour créer Battery Park City, à coté de West Street, une étendue de 37 hectares donc une trentaine de parcs, sur une longueur de près de 2 kilomètres. De nombreux ponts et tunnels relient Manhattan aux autres quartiers de la ville et au New Jersey (avec le George Washington Bridge et les Holland et Lincoln Tunnels) ; seul le ferry de Staten Island relie Manhattan à ce district de la ville.
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Manhattan est constituée de nombreux quartiers dont le nom ne repose sur aucune convention (au contraire de ses rues et avenues). Certains sont purement géographiques (le Upper East Side), d’autres ethniques (Chinatown) et d’autres des acronymes (TriBeCa, pour « TRIangle BElow CAnal Street » ; ou SoHo, pour « SOuth of HOuston » ; Harlem tire son nom de l’époque coloniale néerlandaise, d’après la ville de Haarlem, aux Pays-Bas. Parmi les autres quartiers figurent le Bowery, Chelsea, East Village, le Financial District, Greenwich Village, Hell’s Kitchen, le Lower East Side, Midtown Manhattan, NoLIta (« NOrth of Little ITAly »), le Upper West Side ou encore Washington Heights. Certains quartiers ont disparu avec le temps, comme les Five Points (célèbre pour son gang irlandais, l’une des premières organisations criminelles d’importance de New York et où débutèrent Al Capone et Lucky Luciano). 17,8% de la superficie du district – soit 10,9 km² – est consacré aux espaces verts et aires de jeux (dont presque 70% se situent hors de Central Park).