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Il y eu deux laboratoires, dans le monde de l’édition de comics, qui permirent à des auteurs anglais de percer aux Etats-Unis : Marvel UK et Vertigo. Chacun à leur façon, les deux grands éditeurs Marvel et DC firent leur marché de l’autre côté de l’Atlantique, et en ressortirent largement gagnant. Paul Jenkins est de ceux là. C’est Vertigo qui remarque ce scénariste, et lui laissa la possibilité de travailler sur l’une de ses séries fort appréciée, Hellblazer, dont il réalisa près de quarante numéros. Après avoir vaqué aux destinées de John Constantine, c’est Marvel Comics qui l’embaucha, au début de l’année 1998, pour œuvrer sur une série d’un genre proche, à savoir Were-wolf by night, la célèbre série de Loup-Garou de Marvel.
Mais c’est à la fin de cette année-là que débuta la série qui fit réellement connaître Paul Jenkins au plus grand nombre, Inhumans, pour le label Marvel Knights. Joe Quesada et Jimmy Palmiotti, chargés par Marvel de trouver des auteurs différents, capables d’offrir aux lecteurs des visions différentes de personnages très connus. Jenkins reçu la famille royale d’Attilan en cadeau, et Jae Lee pour mettre en image le tout. En douze numéros, les deux auteurs parvinrent à faire de leur série un succès publique ET d’estime. A tel point que Paul Jenkins reçu un Eisner Award, l’équivalent d’un Oscar, pour son travail sur la série.
Revenant à un univers plus proche de ses débuts, Jenkins sera embauché par Todd McFarlane pour écrire une série dérivée de Spawn, nommée Spawn the Undead, qui trancha dans son approche, vis-à-vis de la série régulière. Spawn n’était pas le thème des épisodes, mais le déclencheur de quelque chose. Jenkins dit qu’il était ravi de décrire des histoires ordinaires, sur des gens ordinaires, dont la réalité bascule soudainement avec l’apparition de Spawn. Il demeurera tout de même une petite bisbille, étant donné que Todd McFarlane aura fait étrenner de nouveaux phylactères et une nouvelle police, pas du tout au goût du scénariste. Dans le même temps, il conservait un pied chez Marvel, pour qui il scénarisait une série dérivée de Spider-Man, Webspinners : Tales of Spider-Man.
Jenkins est un touche à tout. Et ses écrits plaisent, alors Marvel n’hésite pas à lui confier des séries. Incredible Hulk, Spider-Man, Daredevil/ Spider-Man… Mais surtout, Jenkins s’associe à nouveau à Jae Lee, son compère d’Inhumans, pour un projet dont Marvel attend beaucoup. Une pure création, qui prend corps dans l’univers classique de l’éditeur, et dont le personnage est censé exister depuis le Golden Age. Impossible, se dit-on. Mais un artifice est trouvé, que certains appelleront marketing. Sentry est un héros que tout le monde a oublié. Pour des raisons que la série développe, il a fallu l’oublier. Et nous lecteurs, l’avons oublié aussi, bien entendu. Sentry est un personnage de la trempe de Superman, et à la fin de la série, il retombe à nouveau dans l’oubli. Difficile d’utiliser un personnage aussi puissant, se dit-on.
Au début de l’année 2001, le touche-à-tout Jenkins répond à une autre offre. Celle de scénariser la série Witchblade, fer de lance du studio Top Cow de Marc Silvestri. N’étant pas soumis à un contrat d’exclusivité, Jenkins peut se permettre une telle concurrence. Il ira plus loin avec l’éditeur, en scénarisant la série qui chamboule l’univers Top Cow, ainsi que le deuxième volume de la série Darkness, qui commence à la suite d’Universe.
Mais c’est à Marvel qu’il va encore offrir une série de référence. Juste retour des choses, puisque l’éditeur sait pouvoir compter sur lui pour ses projets phares. Paul Jenkins est le scénariste qui va être chargé de raconter les origines nébuleuses et presque mythologiques du héros Wolverine. Origins va être un immense succès pour l’éditeur, tant Jenkins, Andy Kubert et Richard Isanove auront réalisé un travail de qualité. Comme un pied de nez, Jenkins sera aussi le scénariste qui racontera la « fin » de Wolverine, dans Wolverine The End, avec Claudio Castellini au dessin.
Dans le courant de l’année 2003, Marvel relance certaines de ses séries Spider-Man, et rebat les cartes dans les équipes créatives. Jenkins est associé à Humberto Ramos sur Spectacular Spider-Man. Pour une fois, cette série ne laissa pas grands souvenirs et passions chez les fans. Tant de Jenkins que de Spider-Man. Et toujours aussi libre, Jenkins continue de répondre aux projets qui le motivent des autres éditeurs. Pour DC, il écrit Batman Jekill and Hyde, l’occasion pour lui d’écrire pour l’un des personnages les plus connus du monde des comics. Il écrit aussi pour Dark Horse une mini-série nommée Révélations, fruit de ses bonnes relations avec Humerto Ramos sur Spectacular Spider-Man, puisqu’il en est le dessinateur.
Mais depuis 2006, c’est avant tout pour Marvel Comics, qu’il travaille. Il reprend sa création, Sentry, pour une deuxième mini-série dessinée cette fois-ci par John Romita Jr.
A la suite de House of M et du Jour M, qui modifie radicalement l’univers mutant de l’éditeur new-yorkais, on lui confie la mini-série Generation M, qui suit une journaliste enquêtant sur les répercussions de cet évènement (mini-série résumée sur ce site). Un récit émouvant, à la frontière du genre super-héroïque.
Il faut aussi dire que dans cette période grand crossover pour Marvel Comics, Jenkins fait partie du petit groupe de scénaristes qui « président » aux destinées de l’univers. C’est à ce titre qu’il écrira les épisodes de Civil War Front Line, qui décryptent les faces cachées de l’évènement Civil War.
Notons pour terminer que Paul Jenkins officie aussi dans l’univers des jeux vidéos, et qu’il a collaboré à Legacy of Kain, Twisted Metal: Black et God of War, et Incredible Hulk: Ultimate Destruction.