Les années de guerre, 2

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Au début de 1943, dans Captain America Comics # 33, Captain América et Bucky annoncèrent, sur la page du club des Sentinelles de la Liberté, que le manque de métal était tel que Timely ne fournirait désormais plus de badges de Captain América aux nouveaux membres des Sentinelles de la Liberté. Bucky suggérait que les membres du club utilisent leurs pièces de 10 cents pour acheter des timbres de soutien à l’effort de guerre. Puis, Timely annonça que pour chaque timbre que leurs lecteurs enverraient au Département de la Guerre, Timely enverrait également 10 cents. Bien qu’il n’y ait aucune moyen de savoir à quel point l’offre de Timely de contributions partagées permit de contribuer à l’effort de guerre, c’était néanmoins un geste patriotique et sans précédent.

Durant l’été 1943, Timely lança deux magazines supplémentaires. Le premier était All-Surprise, une autre revue d’animaux amusants de Timely. All-Surprise présentait Super Rabbit, Gandy et Sourpuss, et le numéro 11 bénéficie de l’art de Harvey Kurtzman mais sinon le magazine est peu intéressant dans l’ensemble.

My image Le second magazine qui commença durant l’été 1943 est All-Select Comics. All-Select fut, apparemment, une autre tentative de Timely de miser sur la popularité de ses personnages emblématiques ; il commença avec des strips mettant en scène Captain América, la Torche humaine et Namor – le Trio de Choc de Timely – et, plus tard, s’élargit à Whizzer et au Destroyer. La tactique favorite de publication de Martin Goodman a été décrite comme « réussir sur un marché en l’inondant d’un produit » et All-Select Comics semble bien être un autre exemple de cela. Ce qui ne veut pas dire que All-Select Comics n’avait pas certaines qualités pour compenser. Le numéro 1 avait un strip de « Black Widow » mais, malheureusement, elle n’apparut plus dans All-Select – ni, d’ailleurs, dans tout autre magazine de Timely – par la suite. Alex Schomburg effectua les couvertures pour les dix premiers numéros et le magazine valait le coup rien que pour celles-ci (Schomburg, comme beaucoup trop d’autres talents du Golden Age, est presque oublié de nos jours mais il possédait un certain talent et ses couvertures étaient, et demeurent, sui generis). Et, finalement, the Blonde Phantom et Miss América apparut dans le dernier numéro de All-Select, le 11, après quoi le magazine changea de nom pour devenir Blonde Phantom avec le numéro 12. Mais, globalement, All-Select Comics est un comics moyen de Timely, avec des ventes en rapport.

Cependant, 1943 et 1944 furent des années de réussite pour Timely comme un regard sur les magazines lancés en 1944 permet de s’en rendre compte : Tessie the Typist, Funny Tunes, Amazing Comics, Comic Capers, Ideal Comics, Super Rabbit, Ziggy Pig-Silly Seal Comics, Daring Comics (une résurrection de Daring Mystery), Gay Comics, Mystic Comics (volume 2), et Miss America Comics (qui devint Miss America Magazine dès son deuxième numéro). Cela fait 11 revues – une de moins que celles que Timely avait lancées de 1941 à 1943. Timely avait l’argent et l’envie de lancer tous ces titres et il y avait plusieurs raisons à cela. Malgré les départs de Simon, Kirby, Lee et d’autres célébrités pour l’armée, Timely disposait d’autres talents pour combler les absences : Otto Binder, Will Woolfolk, Alex Schomburg, Syd Shores et Mike Sekowsky, parmi d’autres. Tous les éditeurs souffraient d’un manque de papier, à cause du rationnement de celui-ci du à la guerre, mais l’avocat de Goodman, Jerry Perles, réussit d’une manière ou d’une autre à persuader le Ministère de la Guerre que Timely avait besoin d’autant de papier durant la guerre qu’il en avait eu besoin avant. Timely abandonna la plupart de ses pulps, qui ne s’étaient jamais bien vendus, et se concentra sur les comics, qui se vendaient bien. Les revues d’animaux humoristiques étaient considérées comme plus simples à faire et, du coup, Timely payait moins chers les scénaristes et les artistes de ces magazines, ce qui signifie que ces comics étaient proportionnellement plus rentables que ceux de super-héros. Les revues se vendaient décemment pour Timely et chacune avait quelque chose qui la rendait valable. Tessie the Typist bénéficiait du dessin de Basil Wolverton, avec le travail de Harvey Kurtzman apparaissant plus tard dans l’histoire du magazine. Funny Tunes, Ideal Comics, Super Rabbit et Ziggy Pig-Silly Seal Comics avaient les animaux humoristiques de Timely comme héros, y compris le très populaire Super Rabbit. Amazing Comics ne connut qu’un seul numéro avant de devenir Complete Comics, qui lui-même ne dura qu’un seul numéro ; mais les deux magazines avaient des couvertures d’Alex Schomburg et présentaient the Destroyer, Whizzer et les Young Allies. Daring Comics volume 2 mettaient en scène la plupart des poids lourds de Timely (la Torche humaine, Toro, Namor, Angel et the Destroyer) tout en ayant des couvertures d’Alex Schomburg par la suite. Gay Comics, comme Tessie the Typist, était plein des travaux de Wolverton et de Harvey Kurtzman. Mystic Comics volume 2, comme la seconde incarnation de Daring, avait la plupart des personnages populaires de Timely (Angel, the Destroyer, la Torche humaine et les Young Allies plus tard), ainsi que Terry Vance the Schoolboy Sleuth et Tommy Tyme, deux strips à destination des enfants.

My image Timely découvrit également un nouveau marché pour les comics : les filles. Leur première héroïne féminine original, Miss América, avait fait ses débuts dans Marvel Mystery Comics # 49, en novembre 1943 (Miss Fury, bien sûr, n’était pas un personnage original de Timely et Black Widow étant plus une anti-héroïne qu’une héroïne). Bien qu’elle ne fut finalement qu’une version plus puissante de Captain América, les réactions à ses apparences furent positives, au point de durant l’automne 1944, elle obtint son propre magazine, Miss America Comics. Plus tard encore, en décembre 1945, elle allait recevoir sa propre série d’aventures, en dix parties, dans Marvel Mystery – une chose presque inconnue à l’époque, pas uniquement chez Timely, mais dans les comics en général, où la forme du cliffhanger sur une longue durée – avec quelques exceptions rares mais mémorables (comme l’immortelle saga « Monster Society of Evil » dans Captain Marvel Adventures de Fawcett) – n’existait tout simplement durant la guerre. Miss America Comics se révéla presque immédiatement populaire. Puis, pour des raisons obscures, Timely changea et le nom du magazine (de

My imageMiss America Comics à Miss America Magazine) et de direction (s’éloignant des super-héros pour des sujets intéressants les adolescents de 1944 – vêtements, maquillage, cuisine, films, humour, etc. Le magazine lança également Patsy Walker, Buzz Baxter et Hedy Wolfe, des personnages qui allaient réapparaître chez Marvel Comics des décennies plus tard. Miss America Magazine devint, si c’est possible, encore plus populaire et Timely, en 1945, commença à sortir plus de comics tournés vers le marché des adolescentes, parmi lesquels Patsy Walker, Millie the Model et Nellie the Nurse.</P>

Pendant ce temps-là, la popularité et le succès de Captain América amenaient même au tournage d’un film ; en 1944, Republic Pictures, distributeurs de séries agréables, produisit Captain America, qui, même s’il avait finalement relativement peu de ressemblance avec le personnage du comics (pas de bouclier, une assistante féminine, et Steve Rogers étant un procureur plutôt qu’un soldat) fut néanmoins un succès au box office. D’une manière générale, les années de guerre furent l’apogée du Golden Age des comics (selon ma définition du Golden Age). Malgré le manque de papier et de talents, les comics se vendaient comme jamais auparavant. Les comics d’animaux humoristiques se vendaient bien avec les enfants les plus jeunes qui n’étaient pas intéressés par les comics de super-héros. Le gouvernement envoyait des comics outre-mer et les recrues des forces armées achetaient des comics en grande quantité (les comics, selon PXs, dépassaient les magazines « respectables » comme Saturday Evening Post & Life en proportion de 10 pour 1). Parce que de nombreux adolescents (voire des enfants) étaient entrés dans les usines comme main-d’œuvre ouvrière (les ouvriers adultes ayant été appelés au loin à cause de la guerre), ils avaient plus d’argent à dépenser que quelques années plus tôt.Et, enfin, cela semblait simplement être l’époque des comics. Presque sans considération pour leur qualité, les comics se vendaient ; c’est peut-être du à l’apparence d’un type relativement nouveau de divertissement, ou cela peut avoir été la conséquence de la qualité des meilleures revues, mais, quoi qu’il en soit, les comics se vendaient. Enormément. Newsweek, dans un article de la fin 1943, expliquait que les éditeurs de comics vendaient 25 millions d’exemplaire par mois et réalisèrent 30 millions de dollars de ventes en 1943.Mais un tel succès ne pouvait pas durer et, malheureusement, il ne dura.

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