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Jack Kirby fut l’un des dessinateurs américains de comics ayant eu le plus d’influence, au style reconnaissable entre tous et d’une prolixité inégalée. Il fut également un scénariste et un éditeur. Son poids dans le milieu fut tel qu’il reçut le surnom de « The King ».
Né Jacob Kurtzberg de parents autrichiens de confession juive dans la ville de New-York, il grandit sur Suffolk Street, dans le coin de la Delancey Street du Lower East Side new-yorkais. Son père, Benjamin, ouvrier dans une manufacture de vêtements, était un juif conservateur et Jacob fut inscrit dans une école hébraïque. Son frère, de cinq ans plus jeune que Jacob, mourut avant lui. Après une enfance tumultueuse et agitée, faite de bagarres entre groupes d’enfants du type de ceux qu’il allait rendre bien plus héroïques dans ses futurs comics (le personnage juif de Ben Grimm, des Quatre Fantastiques, fut ainsi élevée sur la tumultueuse « Yancy Street », comme son frère aîné qui mourut le premier ; en plus de porter le prénom du père de Kirby, son second prénom est Jacob, le prénom de baptême du King lui-même). Kirby s’inscrit au Pratt Institute de Brooklyn à l’âge, selon lui, de 14 ans, le quittant après une seule semaine : « Je n’étais pas le genre d’élève que le Pratt recherchait. Ils voulaient des gens qui travaillerait sur la même chose pour toujours. Je ne voulais travailler sur quoi que ce soit à tout jamais. J’avais l’intention d’achever le travail entamé. » (Interview de « The Comics Journal # 134 » de février 1999). Dans les faits, le père de Kirby perdit son emploi vers cette époque, suite à la crise de 1929 et fut incapable de continuer à payer l’inscription de leur fils. Essentiellement un autodidacte, Kirby citait parmi les artistes l’ayant influencé, les dessinateurs de comics strips Alex Raymond et Milton Caniff.
Décidé à continuer dans cette voie, Kirby persista à dessiner. Il rejoignit la Boys Brotherhood republic (BBR), une organisation enseignant aux jeunes hommes le sens des responsabilités : « Elle avait son propre journal et j’étais le dessinateur du journal » raconte Kirby. K’s Konceptions, son strip régulier pour le journal de la BBR, était le premier contact de l’adolescent de 16 ans avec le monde de l’édition. Selon sa propre mémoire – parfois faillible – Kirby rejoignit le Lincoln Newspaper Syndicate en 1936, y travaillant sur les comics strips du journal et sur des dessins publicitaires d’une seule image, comme « Your Health Comes Forst » (sous le pseudonyme de Jack Curtiss). Il y resta jusqu’à la fin de 1939, travaillant sur des strips comme The Black Buccaneer, Detective Riley et Socko the Sea Dog, puis travailla pour la compagnie de cinéma d’animation Fleischer Studios comme un « intermédiaire » (c’est-à-dire un dessinateur qui complète l’action entre les trames des principaux déplacements) sur des dessins animés de Popeye ou de Betty Boop. « Je suis allé de Lincoln à Fleischer » se souvenait-il « De Fleischer, j’ai du partir en quatrième vitesse parce que je ne pouvais pas supporter ce genre de travail » décrivant la société comme « une usine en un certain sens, comme la manufacture de mon père. Ils manufacturaient des images. » (ibidem). Ces tâches répétitives lui permirent de développer son style et d’améliorer sa vitesse de dessin, qui allait devenir ses marques de fabrique.
Vers cette époque, « je commençais à voir apparaître les premiers comics » (ibidem). Les premiers comics américains étaient des rééditions des strips parus dans les journaux ; bientôt, ces « comics » de format tabloïde (25 cm x 37,5 cm) commencèrent par inclure du matériel original sous la forme de strip. Kirby commença à écrire et dessiner de telles histoires pour les comics Eisner & Iger, l’une d’une poignée de sociétés créant des comics sur demande des éditeurs. Au sein de cette compagnie, Kirby effectua ce dont il se souvient comme de son premier travail de comics pour Wild Boy Magazine (dans une interview de The Nostalgia Journal # 30 de novembre 1976). Cela inclut des strips tels que l’aventure de science-fiction The Diary of Dr. Hayward (sous le pseudonyme de « Curt Davis »), le strip de justicier de western Wilton of the West (sous le nom de « Fred Sande ») et le strip de cape et d’épée « The Count of Monte Cristo » (de nouveau comme Jake Curtiss) et les strips humoristiques Abdul Jones (sous le nom de « Ted Grey ») et Socko the Sea Dog (sous le pseudonyme de « Teddy »), tous pour Jumbo Comics et d’autres clients d’Eisner-Iger. Kirby eut aussi son utilité en dehors de ses talents artistiques quand il réussit à faire fuir un truand qui malmenait Eisner pour le service de serviettes de leur immeuble.
Kirby rejoignit alors l’éditeur de comics et syndicaliste de journaux Fox Feature Syndicate, gagnant un salaire alors raisonnable de $15 par semaine. Il commença à explorer le récit de super-héros avec le strip The Blue Beetle (de janvier à mars 1940), mettant en scène un personnage créé sous le pseudonyme de Charles Nicholas, un nom « maison » que Kirby conserva pour ce strip d’une durée de trois mois.
Au cours de cette époque, Kirby rencontra et commença à travailler avec l’artiste de dessin-animé et éditeur de la Fox, Joe Simon, de deux ans son aîné, qui, en plus de son travail de gestion continuait à travailler en indépendant. Simon, lors de leur rencontre, avait commencé à carrière à Funnies Inc., où l’éditeur Lloyd Jacquet et les dessinateurs Bill Everett, Carl Burgos et d’autres créaient des comics pour les éditeurs, d’une manière similaire à celle des studios Eisner & Iger. L’un des clients de Funnies Inc. était Timely Comics, qui allait devenir Marvel Comics. Là, Simon créa des personnages comme the Fiery Mask pour Timely et the Blue Bolt pour Curtis Publishing Co. tout en continuant à travailler en parallèle en indépendant. Parlant lors d’une convention internationale de comics de 1998, à San Diego (en Californie), Simon racontait la rencontre : « J’étais en costume et Jack pensait que c’était vraiment chouette. Il n’avait jamais vu un dessinateur de comics en costume auparavant. La raison pour laquelle je portais ce costume était que mon père était un tailleur. Le père de Jack était aussi un tailleur, mais il fabriquait des pantalons ! Peu importe, j’effectuais des travaux indépendants et j’avais un petit bureau à New-York, à peu près à dix pâtés de maison de ceux de DC et de la Fox [Feature Syndicate] et je travaillait sur Blue Bolt pour Funnies, Inc. Donc, bien sûr, j’adorais le travail de Jack et la première fois que je l’ai vu, je ne pouvais pas croire ce que je voyais. Il me demanda si nous pouvions travailler ensembles en indépendants. J’étais ravi et je l’emmenais à mon petit bureau. Nous travaillâmes sur le deuxième numéro de Blue Bolt… » (extraits de l’intervention de Joe Simon au Comic-Con International de 1998, repris dans Jack Kirby Collector # 25 d’août 1999) et ils restèrent une équipe au cours des deux décennies suivantes.
Pour alléger sa masse considérable de travail, Simon recruta l’aide de Jack et Blue Bolt # 2 de juillet 1940 fut leur première collaboration. Au début des années 2000, des dessins originaux d’une collaboration inédite, de cinq pages, de Simon & Kirby, titrée « Daring Disc » (qui précéda peut-être le travail du duo sur Blue Bolt) fut publié. Simon publia l’histoire dans la version remise à jour en 2003 de son autobiographie « The Comic Book Makers » (in « The First Simon and Kirby Story ? », non daté). Dans tous les cas, rapidement, ils développèrent un partenariat unique, chacun capable de gérer tous les aspects de la production d’un comics, selon les besoins ; selon Jack, « nous collaborions de manière très proche sur les histoires et le dessin ; je dessinais et j’encrais ; Joe dessinait et encrait et nous faisions ce qui était nécessaire pour terminer le travail. ». C’est vers cette époque que Jacob Kurtzberg adopta définitivement le nom de Jack Kirby ; selon Simon, Jack fit cela afin que la Fox ne sache pas qu’il travaillait en indépendant parallèlement à son travail chez eux. Le duo commença à travailler pour divers éditeurs, dont Fawcett Comics où ils produisirent le premier numéro de Captain Marvel Adventures et contribuèrent à Wow # 1. C’est peu après qu’ils commencèrent leur association avec Timely, de l’éditeur de pulps Martin Goodman, où ils produisirent Red Raven Comics # 1. Bien que Kirby n’eut pas été impliqué dans la création du personnage éponyme, il intervint dans la seconde histoire, qui mettait en scène Mercury, un être mythologique doté d’une grande vitesse, ce qui fut le premier travail de Kirby pour la future Marvel. Simon et Kirby poursuivirent leurs travaux sur Marvel Mystery Comics. La montée des sentiments patriotiques et le déclenchement de la guerre en Europe poussa la nouvelle équipe de Simon & Kirby à créer le héros patriotique Captain América, directement publié dans Captain America Comics # 1 (avec une date de couverture de mars 1941), vers la fin de 1940 qui devait influencer de nombreuses autres créations. Leurs perspectives dynamiques, une utilisation révolutionnaire des cases, des techniques de cinématique et un sens exagéré de l’action firent du titre un succès immédiat et redéfinit les règles du dessin pour les comics.
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Captain América fut le premier et plus important personnage à succès que le duo devait produire. Leur contrat ne concernait que dix numéros de la série, ce qu’ils firent, avant de passer à autre chose : suite à un conflit financier avec Martin Goodman, Simon, l’homme d’affaires du duo, leur avait trouvé un meilleur contrat auprès de la National Periodical Publications (la future DC) ; avant de quitter Timely, ils créèrent aussi pour celle-ci les Young Allies. Le nom Simon & Kirby devint bientôt synonyme de palpitants comics de super-héros et les deux hommes devinrent des stars de cette industrie que les lecteurs suivaient de créations en créations. Obtenant un contrat lucratif auprès de leur nouvel employeur, Simon & Kirby ne s’attaquèrent pas aux icônes de DC mais reprirent le Sandman dans Adventure Comics ; ils commencèrent leur rénovation du personnage dans le numéro # 72 de 1942 et, dans le numéro suivant, s’attaquèrent à Paul Kirk, Manhunter, dont ils firent un nouveau super-héros, affrontant les criminels dans des lieux exotiques à travers le monde. Revenant au concept de héros adolescents, ils lancèrent leurs succès suivants avec les équipes « d’adolescents », d’abord la Newsboy Legion (apparue en avril 1942 dans Star Spangled Comics # 7), un groupe de jeunes aidé du héros appelé « the Guardian », puis les Boy Commandos, toujours la même année, cette fois dans Detective Comics # 64, avant de recevoir leur propre série, l’hiver suivant.
Le 23 mai 1942, Jack Kirby épousa Rosalind « Roz » Goldstein. Le couple allait avoir quatre enfants : Susan, Neal, Barbara et Lisa. La même année, il changea légalement son nom de Jacob Kurtzberg à Jack Kirby. Le couple vivait à Brighton Beach, à Brooklyn, lorsque Kirby fut mobilisé dans l’armée américaine vers la fin de l’automne de 1943. Il servit avec l’infanterie de combat de la Troisième Armée, se retrouvant sur la plage d’Omaha Beach en Normandie, dix jours après le débarquement du 6 juin 1944. Alors que la popularité des super-héros commençait à diminuer après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Kirby et son partenaire commencèrent à produire une variété d’histoires d’un autre genre. Ils ont la réputation d’avoir créer le premier titre de romans à l’eau de rose « Young Romance Comics » pour Crestwood Publications (également appelée Prize Comics). De plus, Kirby & Simon produisirent des comics sur des thèmes policiers, d’horreurs, de western ou humoristiques. Après la guerre, le duo créa Black Magic, The Strange World of Your Dreams, Charlie Chan et Young Brides. En 1951, pour Harvey, ils produisirent Boys’ Ranch, un comics de western, qui n’est pas sans rappeler Boy Commandos ainsi que Stuntman and Boy Explorers. En 1954, de retour chez Crestwood, ils délivrèrent leur plat de résistance, Fighting American, une parodie de genre de super-héros, alors à l’état dormant. Ils s’essayèrent aussi aux histoires policières, comme les comics de Headline de Prize Publication ou Justice Traps the Guilty, puis des histoires humoristiques pour les enfants avec Punch & Judy Comics pour Hillman Periodicals. Enfin, ils retrouvèrent un certain succès avec les histoires romantiques avec Young Romance # 1 de 1947 pour Prize ; le comics allait générer de nombreuses imitations. Ce succès les amena à continuer leurs productions, comme Boy’s Ranch (nouvelle variation sur le thème des groupes de jeunes) ou Black Magic pour Prize Publications pour lequel ils fournirent aussi Fighting American, une parodie de leur propre Captain América, et Strange World of Your Dreams. Kirby créditait ses parents de son incroyable génie inventif : « J’ai été élevé dans une atmosphère d’histoires construites, et d’histoires variées ; mes parents venaient d’Europe, et avaient emmené avec eux toutes les légendes européennes. Les découvrir étaient fabuleux et ma mère était une vraie narratrice. Elle laissa cette impression sur moi et j’adore cela. J’adore raconter des histoires, exactement comme ma mère et c’est ce que je suis devenu : un narrateur. »
L’étape suivante était de devenir éditeurs eux-mêmes. A la fin de 1954, alors que le reste de l’industrie du comics commençait à tourner au ralenti, Simon et Kirby lancèrent Mainline Publications, mais qui ne connut que des ventes médiocres. Avec des titres comme In Love, Foxhole (une série de guerre), Police Trap et Bulls-Eye (un western), ils couvraient tous les genres. Ils étaient les créateurs de comics les plus connus et reconnus de l’histoire des comics. Et, malgré cela, ils échouèrent lamentablement, entre autres à cause de l’attaque de Fredric Wertham sur l’industrie des comics au cours des années cinquante. La plupart de leurs titres ne dura que quatre numéros. Avec cet échec cuisant, l’équipe se sépara en 1955, en bons termes, après seize années de collaborations, chacun reprenant sa carrière de son côté, au sein d’une industrie désormais placée sous le Comics Code. Si de nombreux de leurs contemporains connurent des difficultés à l’époque, le légendaire duo, même séparé, retrouva facilement du travail.
Kirby continua alors en indépendant ; de son côté, en 1956, Simon accepta un rôle d’éditeur chez Harvey. Il fut essentiel dans la création de « The Fly » d’Archie Comics et de « Double Life of Private Strong » de Harvey Comics, retrouvant alors brièvement Joe Simon. Il dessina également quelques numéros de « Classics Illustrated ». Pour DC Comics, alors connu sous le nom de National Comics, Kirby co-créa avec les auteurs Dick et Dave Wood, le quatuor aventurier sans super-pouvoirs les Challengers of the Unknown dans « Showcase # 6 » de février 1957, tout en participant à des magazines anthologiques tels que « House of Mystery ». En 30 mois à DC, Kirby dessina un petit peu plus de 600 pages, qui incluent 11 histoires de Green Arrow dans « World’s Finest Comics » et « Adventure Comics » que, exceptionnellement (il détestait le faire), Kirby encra lui-même, avec l’aide de son épouse (selon Mark Evanier dans l’Introduction de « The Green Arrow by Jack Kirby » de 2001). Il commença également à dessiner un strip pour un journal : Sky Masters of the Space Force (de septembre 1958 à février 1961), écrit par les frères Wood et, initialement, encré par le non apparenté Wally Wood avant qu’il soit remplacé par Dick Ayers, qui ne put égaler la qualité atteinte par Kirby et Wood.
Kirby quitta National Comics après une dispute contractuelle au cours de laquelle l’éditeur Jack Schiff, qui avait été joué un rôle dans l’obtention du contrat pour les Sky Masters au profit de Kirby et des frères Wood, demanda des royalties sur la part des profits du strip qui revenait à Kirby. Schiff traîna Kirby devant les tribunaux et remporta le procès (in « The Comic Book Makers » par Joe et Jim Simon en 1990 et « Tales to Astonish : Jack Kirby, Stan Lee and the American Comic Book Revolution » de 2004).
En mai et juin 1957, Atlas Comics (autrefois Timely et bientôt Marvel) connut, pour des raisons diverses et trop complexes à exposer ici, une très sérieuse crise. Au début 1957, Atlas était la plus grande compagnie de comics, publiant 75 titres et des milliers d’histoire par an. Puis, en un mois, ils s’effondrèrent, passant un mois sans rien publier avant de revenir le mois suivant avec seulement huit comics mensuels. Ayant perdu leur distributeur, ils durent signer avec une société propriété de National/DC, le second éditeur de l’époque, qui leur imposa des conditions drastiques. Etant passé de 75 titres à 8, Stan Lee, éditeur d’Atlas, se mit brusquement à ne plus acheter d’histoires, ayant un large stock à exploiter antérieur à la crise de 1957 ; l’industrie du comics se retrouva pleine de scénaristes et de dessinateurs sans contrat, alors que les ressources d’Atlas diminuaient considérablement. C’est dans ce cadre là que, selon certains versions, vers la fin de 1958, Jack Kirby se rendit aux bureaux d’Atlas, y trouvant une société au bord du dépôt de bilan ; après avoir discuté avec Lee, il le convainquit de poursuivre la société et, tous les deux, allèrent trouver l’éditeur-en-chef Martin Goodman, pour le convaincre d’exploiter certaines idées de Kirby. Cependant, selon Lee, la situation n’était pas aussi dramatique que Kirby l’indique et que la simple apparition de ce dernier décida Lee à discuter avec Goodman de certaines évolutions à apporter à Atlas Comics.
Le redémarrage fut lent, Jack se chargeant de comics de science-fiction – peuplant ses histoires de monstres divers, sur le modèle des Challengers of the Unknown – d’histoires mystérieuses, de romans à l’eau de rose ou de western – l’héritage des années Atlas. Jack effectua un travail exorbitant, aussi bien sur le plan des dessins que des histoires, à commencer part la couverture et l’histoire de sept pages « I Discovered the Secret of the Flying Saucers » qui fut publiée dans Strange Worlds # 1 de décembre 1958, sa toute première collaboration avec Lee. Kirby allait dessiner tous les genres, des histoires à l’eau de rose au western (avec le personnage « Black Rider » mais aussi Kid Colt Outlaw, Two-Gun-Kid et Rawhide-Kid), en passant par l’espionnage (« Yellow Claw ») mais c’est sur une série d’histoires de monstres, d’horreur et de science-fiction qu’il laissa principalement son empreinte, écrivant pour les nombreuses séries d’anthologies de la compagnie comme Amazing Adventures, Strange Tales, Tales to Astonish et Tales of Suspense. Ses concepts bizarres de créatures puissantes et non terrestres se révélèrent un véritable succès auprès des lecteurs. Mais même cela ne fut pas suffisant pour épuiser ses énergies créatrices. Il s’associa avec Joe Simon pour quelques comics chez Harvey et travailla même de nuit pour certaines travaux d’illustrations de classiques. Mais cela allait changer. Kirby commença par revenir aux super-héros en retrouvant brièvement Joe Simon, en 1959, sur the Double Life of Private Strong et Adventures of the Fly (pour Archie Comics) ; Jack fit deux numéros de chacune des séries. Chez Marvel, il testa le terrain avec le Dr. Droom, un prototype de super-héros mystique (une sorte de prédécesseur du Dr Strange), qui apparut dans Amazing Adventures, du # 1 de juin 1961 au # 6. Entre temps, Kirby était passé à autre chose.
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Avec Stan Lee, désormais éditeur-en-chef, Kirby recommença à travailler sur des comics de super-héros, après les résultats encourageants des ventes de DC dans le même domaine. Lee et Kirby commencèrent avec Fantastic Four # 1 en novembre 1961, surnommé dès le 1er numéro « The World’s Greatest Comic Magazine ». Cette série, qui sert aujourd’hui de point de repère devint un énorme succès qui révolutionna l’industrie avec son ton naturel et un véritable reflet de la vie et, finalement, un vrai dispositif cosmique nourri par l’imagination apparemment sans limite de Kirby – qui, par un heureux hasard, se trouvait particulièrement en phase avec la culture et la conscience de plus en plus responsable des jeunes des années soixante ; en un an et demi, tous les titres de science-fiction et de monstres de Marvel étaient transformés ou remplacés par des séries mettant en scène des super-héros. Pendant presque une décennie, Kirby alimenta le style de Marvel, participant à la création et à la conception de plusieurs personnages de la compagnie, fournissant des esquisses que de nouveaux artistes pourraient exploiter dans leurs dessins. Ses réalisations les plus notables, en dehors des Quatre Fantastiques, incluent Thor, l’incroyable Hulk, Iron-Man, les premiers X-Men, le Surfeur d’argent, le Dr Fatalis, Galactus, le Gardien, Magnéto, Ego la Planète vivante, les Inhumains et leur cité cachée d’Attilan, et la Panthère noire – le premier super-héros noir connu de l’industrie du comics – et sa nation africaine du Wakanda. Le Captain América de Simon & Kirby fut également incorporé à la continuité de Marvel. 1962 fut l’année la plus prolifique de sa carrière et il produisit alors 1158 planches de dessin, soit plus de trois pages par jour. Kirby était à lui seul une véritable compagnie, fournissant plus de la moitié des dessins pour les huit titres de l’époque.
En 1968 et 1969, Joe Simon fut impliqué dans un litige avec Marvel Comics au sujet des droits sur Captain América, déclenché par Marvel après que Simon eut enregistré le renouvellement du copyright de Captain América à son propre nom. Selon Simon, Kirby accepta de soutenir la compagnie dans le litige et, dans le cadre d’un accord entre Kirby et l’éditeur Martin Goodman, donna à Marvel tous les droits qu’il pouvait avoir sur le personnage (in « The Comic Book Makers » par Joe et Jim Simon en 1990).
Kirby continua à repousser les frontières du médium, concevant des couvertures, des intérieurs avec des collages de photos ou d’autres expériences. Pourtant, il était de plus en plus insatisfait de son travail chez Marvel. Il y a plusieurs raisons pour expliquer ce mécontentement, dont un ressentiment certain envers la prééminence croissante de Stan Lee auprès des média, l’absence d’une totale liberté créative, la colère ressentie suite à ce qu’il percevait comme des reniements de promesses par Martin Goodman et une frustration de ne pas voir Marvel le créditer spécifiquement pour les scénarii ou les créations ou co-créations des personnages. Alors que les ventes s’accroissaient, Kirby souhaitait obtenir une part des bénéfices mais il ne vit rien venir. Il commença simultanément à écrire et dessiner des séries secondaires de Marvel comme « The Inhumans » dans Amazing Adventures et des histoires d’horreur dans le titre anthologique Chamber of Darkness ; il fut entièrement crédité pour ces œuvres mais il finit malgré tout par quitter la compagne en 1970 pour intégrer le grand rival, DC Comics, sous la direction éditoriale de Carmine Infantino.
Kirby revint donc à DC au début des années soixante-dix, ayant conclu un accord lui donnant un contrôle complet sur ses créations en tant qu’éditeur, auteur et artiste. Il produisit alors un cycle de titres liés les uns aux autres sous le sobriquet figurant sur les couvertures « The Fourth World » dont une trilogie de trois nouveaux titres : New Gods, Mister Miracle et The Forever People, ainsi que le titre de la famille Superman : Superman’s Pal Jimmy Olsen sur lequel il travailla à la demande de l’éditeur, le reprenant au # 133. Kirby prétendit avoir choisit ce titre parce que les séries étaient réparties entre divers artistes et qu’il ne souhaitait pas priver qui que ce soit de son travail. Le principal méchant des séries du Fourth World, Darkseid, et certains des concepts du Fourth World apparurent dans Jimmy Olsen avant le lancement des autres séries du Fourth World, donnant aux nouveaux titres une exposition certaine capable d’attirer de nouveaux acheteurs. Cependant, le succès ne fut pas au rendez-vous : New Gods et Forever People durèrent 11 épisodes, alors que Mister Miracle put atteindre le dix-huitième. Kirby produisit ensuite d’autres titres pour DC comme OMAC, Kamandi, The Demon et (retrouvant pour la dernière fois son ancien partenaire Joe Simon) une nouvelle incarnation de Sandman pour six épisodes. Plusieurs personnages de cette période sont depuis devenus des éléments importants de l’univers DC, comme, par exemple, le démon Etrigan et sa contrepartie humaine Jason Blood, Scott Free (alias Mr Miracle) et le criminel cosmique Darkseid.
En 1975, Kirby revint à Marvel Comics où il écrivit et dessina Captain America et créa la série The Eternals, qui mettait en scène une race de géants extra-terrestres, impénétrables, les Célestes, dont les interventions secrètes influèrent sur l’évolution de la vie sur la Terre. Les autres créations de Kirby pour Marvel durant cette période comprennent Devil Dinosaur, Machine Man et une adaptation, et extension, du film 2001 : A Space Odyssey. Il écrivit et dessina également The Black Panther et effectua de nombreuses couvertures pour la compagnie.
Bien que souvent artistiquement réussis, les comics ne trouvèrent pas un véritable public à la hauteur de celui de ses premiers travaux pour Marvel dans les années soixante. De nombreux thèmes de ses créations des années soixante-dix – le vieillissement et l’immortalité, l’impuissance face à l’inconnu et des pouvoirs inconcevables au-delà des capacités de contrôle d’une personne – étaient ceux d’un homme d’une fin cinquantaine d’années, qui avaient peu de chances de séduire un lectorat beaucoup plus jeune.
Toujours peu satisfait de la manière dont Marvel le traitait et à cause de leur refus de fournir une assurance de santé ou d’autres avantages pour leurs employés, Kirby quitta de nouveau Marvel, après un dernier graphic novel en 1978 dédié au Silver Surfer, pour travailler dans l’industrie du dessin animé où il effectua des ébauches pour Turbo Teen, Thundarr the Barbarian et d’autres séries de dessins animés pour la télévision. Il travailla également sur le dessin animé des Fantastic Four, ce qui l’amena à travailler de nouveau avec Stan Lee, comme scénariste. Il dessina une adaptation du film de Walt Disney, The Black Hole, pour le comics strip Walt Disney’s Treasury of Classic Tales en 1979-80. Au début des années 1980, Pacific Comics, un nouvel éditeur de comics non distribué dans les kiosques, passa un accord révolutionnaire pour l’époque avec Kirby afin de publier sa série Captain Victory and the Galactic Rangers ; en 1981, sortit une nouvelle création : Silver Star. Les séries durèrent 13 et 6 épisodes respectivement, avant de couler, presque dans l’anonymat, au milieu d’un marché en pleine expansion. Kirby conserva les droits sur ses créations et reçut ainsi une partie des bénéfices des titres. Cela, conjugué avec des actions semblables d’autres éditeurs « indépendants » comme Eclipse Comics, permit de créer un précédent auprès des autres professionnels et finit par mettre un terme au monopole du système de « travaux à louer » au sein duquel les créateurs de comics, même indépendants, ne possédaient aucun droits sur les personnages qu’ils avaient imaginés. Kirby conserva également les droits des personnages utilisés par Topps Comics dans la cadre d’un ensemble de séries débutant en 1993 et baptisées « The Kirbyverse » par la compagnie, mettant en scène des personnages comme Night Glider, BomBlast et Captain Glory ; cet univers était conçu pour être utilisés par d’autres auteurs, inspirés par la vision de Kirby. Dans le Phantom Force de 1996, publié par Image Comics et Genesis West, Kirby avait à nouveau une totale liberté et possession sur ses créations.
L’aspect le plus copié du travail de Kirby a été son sens exagéré des perspectives et du dynamisme. Ce qui reste plus difficile à imiter est le langage corporel expressif de ces personnages, qui se prenaient dans les bras ou fonçaient vers n’importe quoi, de simples gâteaux aux combats, avec une inconsciente exubérance, ainsi que des innovations constantes visant à développer le médium, comme les photomontages qu’il lui arrivait d’utiliser dans ses dessins. Lui (et son collège de Marvel, Steve Ditko) fut l’un des pionniers dans l’emploi des personnages issus des minorités visibles dans les comics et Kirby fut le co-créateur du premier super-héros noir de Marvel (le prince africain la Panthère noire) et créa les deux premiers super-héros noirs de DC : Vykin the Black dans The Forever People # 1 (mars 1971) et the Black Racer dans The New Gods # 3 (juillet 1971).
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Durant les dernières années de sa vie, Jack Kirby fut révéré comme un vieil homme d’Etat, dans le domaine du comics. Petit, trapu, au regard pugnace, désormais avec des cheveux blancs et presque en permanence doté d’un cigare, il n’eut jamais une parole blessante envers quiconque. Lorsqu’il mourut d’un arrêt cardiaque le 6 février 1994, dans sa demeure de Thousand Oaks, en Californie, l’émotion de l’industrie fut inouïe. Même aujourd’hui, des magazines sont encore publiés à son sujet. Le Jack Kirby Collector a atteint son trente-deuxième numéro et une seconde édition de la Kirby Checklist est en cours. Sans Kirby, il est probable que nous n’aurions pas les comics que nous lisons aujourd’hui. Sa mort n’était pas seulement la fin d’un homme seul, c’était aussi la fin d’une époque.
Jack Kirby fut largement reconnu au cours de sa carrière, y compris l’Alley Award de 1967 comme Meilleur Dessinateur et une seconde place aux Alley Awards de 1968 dans la même catégorie. Kirby remporta un Shazam Award pour Réussite Spéciale par une Personne en 1971 pour ses séries du « Fourth World » (Forever People, New Gods, Mister Miracle et Superman’s Pal Jimmy Olsen). Il fut introduit dans le Hall of Fame des Shazam Awards en 1974. Les Jack Kirby Awards et le Hall of Fame Jack Kirby furent évidemment baptisés en son honneur.
En 2006, il fut élu meilleur artiste dans le classement des 100 Meilleurs auteurs et artistes de tous les temps établi par Comic Book Ressources. Avec Will Eisner, Robert Crumb, Harvey Kurtzman, Gary Panter et Chris Ware, Kirby fut parmi les artistes honorés lors de l’exposition « Masters of American Comics » au Musée Juif de la ville de New-York, du 16 septembre 2006 au 28 janvier 2007.
Kirby est reconnu officiellement par les créateurs de comics et les fans comme l’un des plus grands artistes et l’un de ceux ayant eu la plus grande influence dans l’histoire des comics. Sa productivité est devenue légendaire, un décompte estimant qu’il produisit plus de 25000 pages au cours de sa vie, ainsi que des centaines de comics strips et d’esquisses. Il produisit également des peintures et travailla sur des concepts d’illustration pour plusieurs films de Hollywood.
En 1985, Mark Evanier révéla que des milliers de pages dessinées par Kirby avaient été perdues par Marvel Comics. Ces pages devinrent l’objet d’un litige entre Kirby et cette compagnie. En 1987, en échange de son renoncement à toute prétention sur les droits des personnages, Kirby reçut de Marvel les 2100 pages de ses travaux originaux qui restèrent désormais en sa possession. Le sort réservé aux planches de Kirby pour DC, Fawcett et plusieurs autres compagnies demeure incertain.
Le comics indépendant du milieu des années quatre-vingts, Boris the Bear, fit une satire du conflit entre Kirby et Marvel Comics pour les droits sur les créations de Kirby ; l’éponyme Boris reçut la « l’Ouvre-boîte cosmique de Kir-By » avec des instructions pour redresser les torts faits à une entité connue sous le nom du « Roi ». Boris dut faire face à « Jim Spouter » (une référence évidente à Jim Shooter, alors éditeur-en-chef de Marvel). Spouter envoya les propres créations du Roi contre Boris qui renversa la situation contre lui en leur montrant qui était leur véritable propriétaire. Vaincu, Spouter entra en colère et décida de créer un « Phew Universe » (référence, cette fois, au New Universe) sur lequel le Roi n’aurait aucun contrôle. Dans Happy Birthday, Martha Washington (de Frank Miller), Martha Washington est envoyée par le gouvernement américain pour recueillir un échantillon de sang du seul super-héros du monde, l’autoproclamé Captain Kurtz ; Martha refusera finalement de voir son héritage héroïque être exploité. Le personnage de Jacob Krigstein, dans le comics The Authority, est inspiré directement de Jack Kirby. Dans le comics Astro City de Kurt Busiek, apparaissent de nombreuses références ou hommages à Kirby, comme une montagne appelée le Mont Kirby, ou le personnage du Silver Agent, qui est un pastiche de Captain América, du Guardian et de Silver Star. Dans le dernier arc d’Alan Moore pour Supreme (« The Return ») montre un personnage appelé le Roi, qui habite l’Espace Idéel, et qui est clairement conçu en s’inspirant de Kirby. L’histoire rend hommage aux personnages créés par Kirby ou qu’il aida à façonner, comme la Newsboy Legion, Guardian, les New Gods et Doctor Doom. Dans Fantastic Four # 511 (mai 2004), alors que l’équipe se rendent au Paradis, Dieu – décrit sous la forme d’un dessinateur assis devant sa planche à dessin – ressemblait Jack Kirby, le co-créateur des personnages.
Dans le dessin animé télévisé Superman : The Animated Series, le personnage secondaire Dan Turpin, créé par Kirby dans le comics New Gods, est conçu visuellement sur Kirby. Les épisodes # 38-39, titrés « Apokolips Now » sont dédiés à la mémoire de Kirby. Un épisode du dessin animé Teenage Mutant Ninja Turtle de 2003 « The King », basé sur le comics de 1986 Donatello # 1 « Kirby and the Warp Crystal », met en scène un personnage, basé sur Jack Kirby, dont les dessins deviennent vivants. Quand Donatello pénètre dans le monde fantastique de cet artiste, il y trouve des personnages inspirés des New Gods.
Le groupe de rock Monster Magnet fait référence à l’impact culturel de Kirby dans leur chanson « Melt » qui comprend les paroles « I was thinking how the world should have cried / On the day Jack Kirby died » (NDT : Je pensais à la façon dont le monde, pleurer, aurait du / Le jour où Jack Kirby mourut). Le groupe Interzone du percussionniste de jazz Gregg Bendian enregistra un album hommage en 2001 : « Requiem for Jack Kirby ». Le style de Minoriteam, un dessin animé télévisé de Cartoon Network, est un hommage au style de Kirby ; il est crédite, sous le nom de « The King » à la fin du dessin animé. Le jeu vidéo Marvel Super Heroes fut fait en mémoire de Jack Kirby. Il fut achevé un an après sa mort.
Lisa Kirby (l’une des filles de Jack Kirby) annonça au début de 2006 qu’elle et le co-scénariste Steve Robertson, avec le dessinateur Mike Thibodeaux, escomptaient publier une mini-série de six épisodes : Jack Kirby’s Galactic Bounty Hunters, mettant en scène des personnages et concepts créés par son père
Joe Simon : « Mon artiste préféré était Lou Fine. Il était également le préféré de Jack Kirby. Je sais que Jack était un fan et fut grandement influencé par le travail de Fine. » (in « Lou Fine » par Jon Berk).
Al Williamson : « Si vous me demandez, à moi ou à la plupart des mes amis, de dessiner cinquante vaisseaux spatiaux, ils sembleront tous avoir été construits dans la même usine. Si Jack dessinait cinquante vaisseaux, on aurait l’impression qu’ils ont été construits par cinquante races extra-terrestres différentes ». (cité dans New from Me du 28 août 2006 de Mark Evanier « Happy Jack Kirby Day »)
Avengers # 1-8 (1963-64) et 14-17 (1965)
The Black Panther # 1-12 (1977-78)
Captain America Comics (Golden Age) # 1-10 (1941-42)
Captain America # 100-109 (1968-69) continuant son travail sur Tales of Suspense, puis # 193-214 (1976-77)
Devil Dinosaur # 1-9 (1978)
The Eternals # 1-19 (1976-78)
Fantastic Four # 1-102 (1961-70)
Incredible Hulk # 1-5 (1962-63)
Machine Man # 1-9 (1978)
Sgt Fury and his Howling Commandos # 1-7 (1963-64)
Thor # 126-177 et 179 (1966-70), continuant son travail sur Journey into Mystery
2001 : A Space Odyssey (comics) # 1-10 (1976)
X-Men # 1-17 (1963-66)
Divers numéros des magazines anthologiques d’histoires de science-fiction ou fantastiques (Amazing Adventures, Journey into Mystery, Strange Tales, Tales of Suspense, Tales to Astonish, World of Fantasy) de 1958 au début des années 1960
The Demon # 1-16 (1972-74)
Foverer People # 1-11 (1971-72)
Kamandi : The Last Boy on Earth # 1-40 (1972-76)
Mister Miracle # 1-18 (1971-74)
New Gods # 1-11 (1971-72)
OMAC # 1-8 (1974)
The Sandman # 1-6 (1974-76)
Superman’s Pal Jimmy Olsen # 133-148 (1970-72)
Un site est consacré au musée établi en sa mémoire : http://www.kirbymuseum.org.