Tsutomu Nihei

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Tsutomu Nihei n°1

  • Date de naissance : 1er janvier 1971
  • Lieu de naissance : Fukushima, Japon

Les débuts d’un mangaka

Né en 1971 dans la préfecture de Fukushima au Japon, à 200 km au sud de Tokyo, au cœur de la campagne, Tsutomu Nihei part très tôt faire des études d’architecture aux Etats-Unis, avant de devenir architecte à New-York. Cependant, il ne réussit pas à percer dans ce milieu, et il revient au Japon pour pénétrer le monde du manga.

Ainsi devient-il rapidement l’assistant de Tsutomu Takahashi pendant deux années, deux années au cours desquelles il travaille sur Alive et Jiraishin. Malgré cette expérience, il avoue être davantage inspiré par les auteurs occidentaux, tels Enki Bilal (la trilogie Nikopol), Clive Barker (Hellraiser), François Schuitten (Les Cités obscures) et encore H.R. Giger (chara-designer sur les films Aliens ou La Mutante notamment).

BLAME !… peut-être sur terre, peut-être dans le futur…

Tsutomu Nihei n°2 Voulant retranscrire à la perfection les histoires qu’il imagine, Nihei décide de tenter sa chance en se lançant dans un travail personnel. C’est donc en 1995 que c’est la consécration pour Nihei, quand il reçoit le « Taniguchi Jiro Jurist Special Prize » de l'Afternoon Four Seasons, présidé par Taniguchi Jirô , pour son One-shot Blame !, qui paraîtra plus tard dans le recueil Noise. Pour l’anecdote, Blame ! correspond à l’origine à l’onomatopée Blam !, mais qu’il y a eu une erreur de transcription (car en anglais, le titre Blame ! se transcrit en katakana par « Buramu »).

Dès 1997, Blame ! devient une série régulière publiée dans le mensuel Afternoon de la Kôdansha… la série connaît un réel succès, et les droits sont vite acquis à l’étranger. Il est reconnu pour son coup de crayon incisif, tout en noir et blanc, mais aussi pour ses décors impressionnants, héritage de son passé d’architecte.

Ici, avant le scénario, c’est l’univers qui prédomine, car tout passe par le visuel.

Blame !, sous-titré Adventure-seeker Killy in the Cyber-Dungeon quest !, conte la quête de Killy, un enquêteur à la recherche d'un terminal génétique (et d'un porteur de gènes sains). Il travaille indirectement pour le compte d'un certain bureau gouvernemental, instance de la Netsphere (résosphère en Français). Au cours de sa quête, il rencontre Shibo, une scientifique qui se propose alors de l'accompagner. Tous deux doivent alors faire face à des Silicates, dirigées par le maléfique Davinelulinvega dont le but est de pirater la Netsphere, ainsi qu'à des Sauvegardes, étranges créatures suivant leur programme et poursuivant un but bien précis dans une guerre technologique où il n'y a ni pitié ni prisonniers.

Tsutomu Nihei n°3 C’est en 2000 que Tsutomu Nihei décide de créer Noise, un One-Shot qu’il avait en tête depuis longtemps, et qui pose les bases du monde de Blame !, bien que l’auteur confesse que c’est au lecteur de choisir de l’intégrer ou non dans cet univers. Toujours est-il que les décors et créatures se ressemblent, qu’on y découvre la Netsphere. On peut donc y trouver des éléments de réponses aux questions soulevées au cours de la quête de Killy.

Un style unique

Tsutomu Nihei travaille sur ses manga seul, sans assistant, afin de restituer pleinement ses idées, insistant alors sur l’importance de ses décors dans ses planches somptueuses, qualifiées par certains de « brouillonnes », compromis entre le style de l’auteur et les délais imposés par la prépublication.

On retrouve un trait assurément torturé, qui s’illustre parfaitement dans la création d’humanoïdes difformes, abominations de chair et de composants cybernétiques, tels les Silicates Ivy et Maeve ci-dessous.

Tsutomu Nihei n°4 Quant aux décors, ils sont conçus anarchiquement et témoignent de l’immensité et de la folie des hommes, apparaissant clairement comme inspirés par l’œuvre de Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), graveur et architecte italien qui a particulièrement travaillé sur le thème des prisons, dévoilant des lieux étranges, avec de larges escaliers, des personnages littéralement écrasés par des arches, des ponts, des tours immenses,… un panel que l’on retrouve presque à chaque page de Blame !, mais transposé dans une ambiance cyberpunk. C’est ainsi que dans cet univers lugubre, la sensation d’oppression est omniprésente, que ce soit dans la taille des décors et l’omniprésence de l’insalubrité, de la pauvreté, véhiculés par la menace des Sauvegardes et des Silicates.

Autres travaux

En 2002, il publie Bear : dawn of the killer beast, qui, selon la rumeur, était une nouvelle exclusivement destinée au public français. Elle fut d’ailleurs en vente lors du passage de Tsutomu Nihei à la Japan Expo 4e Impact de 2002. En réalité, il ne s'agissait que d'un poster dédicacé par l'artiste, proposé pour la somme de 50 Euros et tiré à 666 exemplaires, de quoi alimenter la convoitise des collectionneurs. Cette illustration distribuée par Végétal Manga aux éditions Soleil témoigne clairement de la volonté de l'auteur qui soutient l'exportation de ses travaux à l’étranger et affiche le désir de collaborer avec des artistes qu’il admire…

Toujours en 2002, paraît dans le mensuel Afternoon une courte histoire de zombies nommée Dead Heads, qui tranche par son style et son univers avec le reste de son œuvre.

SNIKT ! Wolverine sort ses griffes…

Tsutomu Nihei n°5 C’est en 2003 que Tsutomu Nihei est contacté par Marvel pour travailler sur un projet ambitieux, Wolverine : Snikt !. Avec la crise du marché des comics, les maisons d’édition américaines, assistant au succès grandissant du manga d’années en années, cherchent à innover en faisant appel à de célèbres mangaka, tels Kia Asamiya (Star Wars : Episode I, Batman : Child of Dreams, UncannyX-Men), Juzo Tokoro (Spawn), et donc Tsutomu Nihei.

Bénéficiant d’une liberté totale dans son projet, Nihei livre Snikt !, une série limitée en cinq épisodes au cours de laquelle Logan est projeté par une jeune fille nommée Fusa dans un monde futuriste en 2058 pour sauver les rares habitants de l’emprise de créatures cybernétiques, les Mandates. Un résultat graphique réellement enivrant, qui conduira Nihei à participer quelques années plus tard au graphic-novel Halo.

Malgré son travail sans failles, le mangaka n’a donc pas cherché loin son scénario. Il a juste intégré Logan dans l'univers de Blame ! et Noise par le biais du voyage temporel. Le point d’orgue de cette œuvre n’est donc pas son fond, mais plutôt sa forme. En effet, chaque page est un véritable orgasme visuel, donnant l’impression d’être plus devant un artbook qu’à un manga. Cette impression est davantage renforcée encore par une colorisation informatique complète de l’œuvre, froide, sombre, parfaitement adaptée au style marquant de Nihei, où tranchent les couleurs vives des Mandates.

BLAME ! and son on… l’artbook

Paru à la fin 2003, l’ouvrage Blame! and so on compile les illustrations des différents travaux de Tsutomu Nihei. De fait, Blame!, Noise et Wolverine : Snikt !, constituent la matière principale de l'artbook. Divisé en 6 parties d'inégales longueurs : Collaboration, Blame!, Noise, Other Works, Megalomania et Dead Heads, l’ouvrage permet de se faire une bonne idée des multiples facettes du talent de Nihei.

La partie Collaboration rassemble les couvertures réalisées pour Snikt!, mais aussi des dessins de Karl von Kroenen, certainement le plus « niheien » des personnages issus de l'univers Mike Mignola’s Hellboy. La représentation de l'Eva 01 d’Evangelion par Nihei et Shogouki est vraiment originale, marqué par une influence gothique qui en dévoile tout l’aspect monstrueux. Au contraire, sa vision de Matrix, montrant Neo et Trinity, elle reste anecdotique.

Tsutomu Nihei n°6 Ce sont clairement les amateurs de Blame ! et Noise qui trouvent leur compte dans les sections qui y sont consacrées, même si la plupart sont tirées des illustrations couleur du manga. La rubrique Other Works permet de découvrir quelques dessins effectués sur commandes. Autre passage intéressant, l’obsession de l'ex-étudiant en architecture pour les espaces urbains gigantesques et vertigineux qui est reflétée dans la partie Megalomania. On retrouve avec étonnement des graphismes qui pourraient constituer l’apogée de la folie humaine et les origines du monde de Blame !. De même, son attrait pour la représentation des corps modifiés par la technique, jusqu'à la mutilation, transparaît dans les premiers dessins de « Bitch's life ».

Et finalement, on retrouve Dead Heads, dont on parlait plus tôt, même si le récit ne présente que peu d’intérêt, que ce soit au niveau du scénario ou du graphisme.

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Ensuite?

Alors que Blame ! s’achève en 2003 avec dix tomes, Nihei publie dans l’Afternoon de mars 2004 une histoire parodiant son univers et ses personnages, Blame ! ? Gakuen. La même année, il crée une autre histoire courte, un One-Shot de huit pages paru dans le Champion RED, intitulé Zeb-Noïd.

A l’été 2004, il a signé de manière trimestrielle Biomega, dans le Young Magazine de la Kôdansha, un manga qui se déroule sur Terre en 3005 alors qu’un virus venu de Mars métamorphose les humains en monstres. Ce dernier titre fut considéré comme un One-Shot suite à une lettre publiée en mars 2005 où Nihei a expliqué son manque de motivation pour la poursuite de Biomega, confiant qu’il préférait se concentrer sur ses autres séries. Finalement, dans l'Ultra Jump daté du mois de juin 2006, la prépublication de la série reprend.

Parallèlement, Nihei se consacre à Digimortal, un One-Shot évoquant l’Inquisition technocratique dans un univers futuriste, Abarra, un manga traçant l’affrontement entre deux races de monstres, mais surtout à Net Sphere Engineer, la suite de Blame !''


👤 MaT-TH
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